Article 20 FEV 2022
Une journée dans la vie d'un agent de contrôle du dopage aux Jeux olympiques de Beijing

Aux Jeux olympiques d'hiver de Beijing 2022, qui se terminent aujourd'hui, des centaines d'experts et de bénévoles locaux et internationaux ont été déployés pour mettre en œuvre le programme antidopage des Jeux, dirigé par l'Agence de contrôles internationale (ITA) pour le compte du Comité international olympique (CIO). Le programme a commencé par des contrôles hors compétition à partir du 27 janvier, jour de l'ouverture officielle du village olympique, et s'est poursuivi tout au long des 17 jours de compétition. Plus de 3 000 échantillons ont été collectés au total, dont environ la moitié en compétition et l'autre moitié hors compétition.
Parmi le personnel antidopage présent sur le terrain à Beijing figuraient quelque 150 agents de contrôle du dopage chinois et internationaux chargés de superviser les contrôles des sportifs. L'un d'entre eux, Zhou Weicheng, responsable adjoint du poste de contrôle du dopage au village olympique, donne ici un aperçu du travail d'un agent de contrôle du dopage aux Jeux olympiques.
« M. Honnête »
Affectueusement surnommé « M. Honnête » par ses collègues (son nom, Weicheng, signifie « Sois honnête » en mandarin), cet homme de 30 ans, originaire de Beijing, affirme avoir ressenti très tôt le pouvoir de transformation du sport et s'être rapidement orienté vers une carrière dans ce domaine. « Quand j'étais enfant, dit-il, l'amour du sport coulait dans mes veines. Je crois au pouvoir du sport pour créer un monde meilleur et nous aider à devenir de meilleures versions de nous-mêmes. »
Après avoir obtenu une maîtrise en gestion du sport à l'université d'Édimbourg, en Écosse, Zhou a commencé à travailler pour l'Agence antidopage chinoise (CHINADA) en 2015. M. Zhou a occupé plusieurs fonctions au sein de CHINADA avant de s'orienter vers les contrôles, particulièrement intéressé par les droits et les responsabilités des sportifs pendant la procédure de contrôle.
« Je me suis dit que si je ne connaissais pas le contrôle antidopage sur le terrain, je ne pourrais pas dire aux sportifs ce que c'est que de passer un contrôle antidopage et ce que les sportifs doivent faire pour remplir leurs responsabilités et protéger leurs droits. J'ai donc suivi un cours de formation, j'ai passé l'examen et je suis finalement devenu un agent de contrôle du dopage. »
Comme tous les agents de contrôle du dopage de Beijing 2022, M. Zhou a également suivi le programme de formation des agents de contrôle du dopage internationaux de l'ITA avant les Jeux.
En tant que responsable adjoint du poste de contrôle du dopage au village olympique de Beijing, M. Zhou est responsable de la gestion d'une équipe de contrôle du dopage composée de 25 agents de contrôle du dopage (22 locaux et trois internationaux) et de 52 escortes. Il est également chargé de veiller à ce que le poste de contrôle du dopage soit entièrement conforme au Code mondial antidopage (Code), aux Standards internationaux associés et aux règles antidopage de Beijing 2022.
Une journée dans sa vie
Avec ces responsabilités, il n'est pas surprenant que M. Zhou n'ait dormi en moyenne que quatre heures et demie par nuit pendant les Jeux.
« Le poste de contrôle dopage du village olympique de Beijing est l'un des postes les plus exigeants de tous les sites, dit-il. Le président de l'AMA, Witold Bańka, a dit un jour que ‘la lutte contre le dopage ne dormait jamais’. C’est parfaitement vrai pour le poste de contrôle du dopage du village olympique de Beijing. »
Pour illustrer ses propos, M. Zhou explique à quoi ressemblait une journée typique pour lui pendant les Jeux :
- 03:30 – Réveil.
- 04:00 – Départ de l'hôtel pour le village olympique afin de préparer l'ouverture du poste de contrôle du dopage.
- 04:30 – Réunion quotidienne de 10 minutes pour résumer les éventuels problèmes identifiés la veille et trouver des solutions.
- 04:40 – 06:00 – Passer à nouveau en revue le plan de contrôles, avec une attention particulière sur les changements effectués et en vérifiant la localisation des sportifs.
- 06:00 – 22:00 – Notification et contrôle des sportifs. Le poste de contrôle du dopage est occupé. Superviser l'état de la salle d'attente et des salles de traitement. Veiller à ce que le rythme des notifications et des prélèvements d'échantillons soit bien coordonné.
- 13:00 – 14:00 – Changement d’équipe.
- 14:00 – Premier transport d’échantillons.
Recevoir généralement les missions de contrôles du lendemain de l'ITA vers 14 h. Vérifier les informations sur la localisation des sportifs avec le coordinateur des escortes. Examiner le programme d'entraînement et de compétition des sportifs afin de finaliser les heures de notification provisoires et de contrôler les sportifs sans préavis, de la manière la plus efficace possible, sans interférer avec la routine des sportifs.
- 22:00 – Deuxième transport d’échantillons.
- 23:00 – 24:00 – En fonction des contrôles, le poste de contrôle du dopage ferme. Retour à l'hôtel en navette.
R-E-S-P-E-C-T
Interrogé sur l’importance de la communication avec les sportifs contrôlés, M. Zhou cite le respect, l'empathie et le professionnalisme comme les clés d'une interaction réussie.
« L'empathie est importante, dit-il. Si vous êtes un sportif qui est notifié pour un contrôle et que l’on vous emmène dans un endroit inconnu et on vous demande d’uriner devant un inconnu, cela peut être très gênant, surtout si c'est votre premier contrôle. Pour aider les sportifs à remplir leurs responsabilités - tout en réduisant leur gêne - un agent de contrôle du dopage doit faire preuve d'empathie. »
Dans de telles situations, M. Zhou suggère de « parler moins comme un robot et plus comme un humain », d’accueillir le sportif chaleureusement, de discuter un peu avec le sportif, en le félicitant pour sa performance ou en expliquant la procédure de contrôle du dopage.
Mais il arrive également que des sportifs soient moins collaboratifs. « Ils peuvent avoir eu une journée difficile, avoir perdu un match, ne pas être de bonne humeur, ou tout simplement ne pas avoir envie d’être contrôlés, explique-t-il Des cris, des réprimandes ou des menaces de la part d’un sportif peuvent constituer une violation des règles antidopage. Il est donc important que l’agent de contrôle antidopage reste professionnel en tout temps et informe le sportif, le cas échéant, que ce comportement pourrait avoir des conséquences négatives et le persuader de faire la bonne chose. »
Une noble quête
Malgré les longues journées, la charge de travail importante et les circonstances parfois difficiles, M. Zhou encourage tous ceux qui envisagent de devenir agent de contrôle du dopage à le faire.
« Je recommanderais ce rôle à tous ceux qui aiment vraiment le sport et qui apprécient l'esprit sportif, dit-il. La lutte contre le dopage est une noble quête, et rejoindre cette mission en devenant agent de contrôle du dopage vous donne l'occasion de contribuer à protéger l’intégrité du sport. Faire ce travail vous aide également à grandir en tant que personne. Je ressens un sentiment de fierté en m’opposant aux tricheurs et en me disant que j’aide les sportifs propres à remporter des médailles propres. »