Nouvelles 14 JUIN 2024
L’AMA répond aux questions reçues du New York Times concernant des cas de clenbutérol impliquant des nageurs chinois
Jeudi 13 juin, l’Agence mondiale antidopage (AMA) a reçu des questions du New York Times concernant des cas de 2016 et 2017 impliquant des sportifs chinois testés positifs à des traces de clenbutérol qu’ils avaient ingérées suite à une contamination de la viande.
Compte tenu de la manière sensationnaliste et inexacte dont le New York Times a couvert les cas de contamination à la trimétazidine de 23 nageurs chinois en 2021, ainsi que des critiques très chargées et politiquement motivées à l’égard de l’AMA et du système antidopage mondial qui a suivi, principalement aux États-Unis, l’AMA estime qu’il est important de pouvoir expliquer le contexte et l’étendue de la contamination par le clenbutérol dans le monde afin que les gens ne soient pas davantage induits en erreur.
Le clenbutérol, qui est une substance interdite dans le sport, est utilisé dans certains pays comme facteur de croissance pour les animaux d’élevage et, dans des circonstances spécifiques, peut entraîner un échantillon positif d’un sportif qui consomme de la viande provenant d’animaux traités de cette manière. Au fil des ans, l’AMA a émis de nombreux avertissements sur ce problème qui existe en Chine, au Mexique, au Guatemala, ainsi que dans d’autres pays. Il s’agit d’un problème omniprésent qui a entraîné des centaines de tests positifs à des traces de clenbutérol dans les échantillons de sportifs innocents.
En ce qui concerne les cas de clenbutérol dont il est question aujourd’hui, trois des 23 nageurs chinois font partie des sportifs contaminés de cette manière en 2016 et 2017. Chacun d’entre eux présentait des niveaux de clenbutérol si faibles qu’ils étaient entre six et cinquante fois inférieurs au niveau minimum de 5 ng/ml actuellement en place. Cette limite a été introduite dans les règles antidopage en 2019, afin de faire face au vaste problème de la contamination par clenbutérol dans la viande.
Ces cas ont été examinés par la Fédération internationale compétente, World Aquatics (alors connue sous le nom de FINA), qui n’a pas contesté le scénario de contamination.
« Le problème de la contamination est réel et bien connu de la communauté antidopage, a déclaré le directeur général de l’AMA, Olivier Niggli. Au fil des ans, il y a eu des milliers de cas confirmés de contamination sous ses différentes formes, dont plus de 1 000 pour la contamination de la viande au Mexique, en Chine, au Guatemala, en Colombie, au Pérou, en Équateur et dans d’autres pays. Les sportifs en question étaient des nageurs de niveau élite qui ont été testés très fréquemment dans un pays où la contamination de la viande par le clenbutérol est répandue, il n’est donc pas surprenant qu’ils puissent faire partie des centaines de sportifs qui ont également été testés positifs pour de minuscules quantités de cette substance. Dans chacun de ces cas, il a été confirmé que la source du clenbutérol s'avérait être une contamination alimentaire. »
« Le Groupe de travail sur les contaminants de l’AMA a été créé dans le but de fournir des conseils et des recommandations d’expert à la communauté antidopage mondiale en ce qui concerne les substances interdites qui peuvent être des contaminants répandus. Au fil des ans, les règles ont été ajustées pour assurer l’équité pour les sportifs qui ingèrent involontairement une substance interdite, tout en protégeant le système contre ceux qui trichent. Des études ont montré que si vous passez beaucoup de temps en Chine, au Mexique ou dans d’autres pays, vos chances de consommer du clenbutérol dans la viande sont très élevées.
« Le fait que le New York Times ne pose des questions que sur la Chine lorsque la contamination de la viande est un problème dans de nombreux pays, montre une fois de plus à quel point il s’agit d’une tentative de politiser la lutte contre le dopage. Du point de vue de l’AMA, nous devons évaluer chaque cas selon ses mérites individuels, quelle que soit la nationalité du sportif. »
Le New York Times a également interrogé l’AMA sur certains cas de contamination de groupe en 2016 et 2017 en Chine. Dans chacun de ces cas, les sportifs ont été testés positifs au clenbutérol, à des concentrations entre sept et soixante-dix fois inférieures au niveau de signalisation minimum actuellement applicable. Dans ces cas, les examens ont révélé que les sportifs avaient ingéré de la viande contaminée, qui s’est avérée positive au clenbutérol.
Depuis 2011, lorsque plus de 100 sportifs ont été testés positifs à l’épilocution lors de la Coupe du Monde U17 de la FIFA au Mexique, il était clair que la contamination de la viande était à l’origine de nombreux résultats d’analyse anormaux dans certains pays. En 2012, une étude publiée par le laboratoire de Cologne en Allemagne a montré que le clenbutérol avait été détecté chez 79 % des 28 volontaires ayant voyagé en Chine. D’autres études ont montré qu’au Mexique, 30 % de la viande collectée dans diverses villes contenait du clenbutérol. L’AMA avait recommandé à l’époque que chaque cas impliquant du clenbutérol à de faibles concentrations dans des échantillons prélevés sur des sportifs originaires ou ayant récemment voyagé en Chine, au Mexique ou au Guatemala soit traité sur une base individuelle et, à condition que la contamination soit établie. L’AMA n’a pas fait appel des décisions prises de clore ces cas sans enregistrer une violation des règles antidopage.
En effet, dans un cas de contamination de groupe en 2014 où les sportifs en question ont été contrôlés aux États-Unis, le directeur général de l’AMA de l’époque, David Howman, a écrit à l’Organisation antidopage en question (une fédération internationale) pour lui dire que l’AMA était d’avis que le scénario le plus probable pour expliquer les cas était la contamination alimentaire et, qu’en conséquence, les cas devaient être classés. Comme dans cet exemple, à l’époque, les cas de contamination de la viande par le clenbutérol et quelques autres substances étaient souvent traités en fermant le cas sans enregistrer une violation des règles antidopage.
Pour s’assurer que les règles et la pratique étaient harmonisées, en mai 2019, l’AMA a officialisé ce processus, selon lequel si l’échantillon d’un sportif contenait de très faibles niveaux de clenbutérol (<5 ng/mL), le résultat pouvait être signalé comme un résultat atypique (ATF) plutôt que comme un RAA, puis enquêté comme un cas potentiel de contamination de la viande.
Bien que le New York Times ne pose que des questions sur les cas en Chine, il est important de souligner que le problème de la contamination de la viande par le clenbutérol n’est pas exclusivement un problème chinois. Il n’a pas non plus été gardé secret. La question a été discutée ouvertement et à plusieurs reprises par l’AMA, notamment par le Comité exécutif et le Conseil de fondation de l’Agence, les communautés antidopage et scientifique au sens large, par le biais d’avis envoyés aux partenaires et d’avertissements aux sportifs sur les risques liés à la consommation de viande dans certaines parties du monde.
Par exemple, lors de la réunion du Conseil de fondation de l’AMA en mai 2017, qui était ouverte aux médias, la question a été longuement discutée. Lors de cette réunion, il a été rapporté que la contamination de la viande au clenbutérol était un fait inévitable. Le Conseil a été informé qu’il y avait eu 420 cas de contamination de la viande par le clenbutérol seul et que, le plus souvent, ces cas étaient classés sans sanction au cours de la phase d’examen initial. Le directeur général de l’AMA, Olivier Niggli, a déclaré au Conseil d’administration et aux médias réunis que ces cas n’avaient pas abouti à des sanctions car ils devaient être traités de manière pragmatique, car il ne serait pas juste pour les sportifs de les tenir responsables d’avoir mangé de la viande contaminée alors qu’ils n’avaient absolument aucun contrôle sur ce qui se retrouvait dans la viande.
Les directives actuelles de l’AMA concernant les cas de contamination liés à la viande et aux diurétiques peuvent être consultées ici.