Article 03 FEV 2021

Développement de programmes et relations de l’AMA avec les ONAD et les ORAD – Construire les piliers d’un système global robuste

Dans ce numéro de « Sous les projecteurs », qui fait le point sur les activités menées par l’Agence mondiale antidopage et ses partenaires, nous examinons comment les capacités antidopage sont renforcées dans le monde entier en cultivant des partenariats solides avec les organisations nationales et régionales antidopage. Vous pouvez consulter les numéros précédents de « Sous les projecteurs » sur le site Web de l’AMA.

Avant 1999, la lutte contre le dopage dans le sport souffrait d’un manque certain d’harmonisation. Les règles n’étaient pas appliquées partout de manière cohérente – avec d’importantes différences selon le sport pratiqué ou le lieu de la pratique. Ainsi, un sportif pouvait être reconnu coupable de dopage dans un sport ou un pays donné, tout en étant libre de concourir ailleurs. Voilà pourquoi l’Agence mondiale antidopage (AMA) a été fondée il y a 21 ans. Il s’agit là d’un partenariat remarquable – voire unique – entre le Mouvement sportif et les gouvernements qui, ayant constaté les effets délétères du dopage sur le sport et la société en général, ont décidé d’y remédier en mettant en place un système juste, cohérent et applicable à l’échelle mondiale. C’est ainsi qu’est né le Programme mondial antidopage.
 
S’appuyant sur le cadre juridique fourni par le Code mondial antidopage (le Code) et les Standards internationaux, le Programme a pour but d’harmoniser des efforts auparavant disparates et désorganisés en un ensemble cohérent de règles appliquées de la même manière pour assurer la protection de tous les sportifs par-delà les frontières, les sports et les disciplines. À cette fin, le Code et les Standards définissent les règles, ainsi que les rôles et responsabilités des partenaires dans divers domaines de la lutte contre le dopage, notamment les contrôles, le renseignement et les enquêtes, les substances et méthodes interdites, les autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (AUT), la conformité, la confidentialité des données et, depuis le 1er janvier 2021, l’éducation et la gestion des résultats.

Voilà pour la politique et la théorie. Dans le monde réel, le succès d’une telle entreprise dépend de la qualité de la supervision, des conseils et du soutien offerts aux différentes organisations nationales et régionales antidopage (ONAD et ORAD) dans le monde entier. C’est là qu’intervient le département Développement de programmes et relations avec les ONAD/ORAD (DPROO) de l’AMA. L’une des activités fondamentales de l’AMA consiste en effet à établir et à maintenir des relations de collaboration efficaces avec les ONAD et les ORAD et à mettre en œuvre des programmes de développement et de renforcement des capacités pour les organisations ayant besoin de soutien. La stratégie globale sous-tendant ces activités fondamentales est la responsabilité du département DPROO, et elle est développée et mise en œuvre en étroite collaboration avec les quatre bureaux régionaux de l’AMA.

« L’environnement antidopage devient de plus en plus complexe et évolue rapidement, ce qui nécessite une abondance de connaissances et de ressources, explique Tom May, directeur du département DPROO. Or, la légitimité du système antidopage et la perception des sportifs à son égard sont souvent influencées par la qualité des programmes antidopage. C’est pourquoi notre travail est si important. »

Accroître l’impact
 
Dans cette optique, l’AMA a publié en juillet 2020 son Plan stratégique quinquennal ayant pour thème « Mener la lutte contre le dopage dans une nouvelle ère ». L’Agence a ainsi jeté les bases de ses activités stratégiques pour 2020-2024 en se concentrant sur six priorités : Mener, Accroître l’impact, Être centrés sur les sportifs, Collaborer et unir, Être visibles et Performer. Le mois dernier, le département DPROO a finalisé sa nouvelle stratégie pour les programmes des ONAD et des ORAD en mettant particulièrement l’accent sur « Accroître l’impact ».
 
« Depuis de nombreuses années, l’AMA fournit une assistance quotidienne aux ONAD et aux ORAD dans tous les domaines d’activité, ajoute Tom May. Cette année, l’AMA a développé une stratégie solide et proactive pour les ONAD et les ORAD, pour faire en sorte que les relations avec ces organisations et les activités de développement soient planifiées et exécutées de manière efficace et coordonnée. »
 
L’essence du programme repose sur le développement et la viabilité. Le renforcement du réseau mondial des ONAD et des ORAD vise avant tout à faciliter leurs activités, à les aider et à les soutenir en fonction de leurs besoins individuels. Pour accomplir leur mission, les ONAD et les ORAD doivent partir sur des bases fermes, avec des structures saines fondées sur les principes de bonne gouvernance, sans oublier l’adhésion des sportifs. À partir de là, il est possible de renforcer les capacités, d’appliquer des règles antidopage robustes et conformes au Code et de mettre en place des collaborations mutuellement bénéfiques entre les organisations et les gouvernements, les comités nationaux olympiques (CNO), les laboratoires accrédités par l’AMA et les autres partenaires concernés.
 
La stratégie de programme des ONAD – et une exigence du Code révisé, entré en vigueur le 1er janvier 2021 – veut que les ONAD soient toutes en mesure de mettre en œuvre des programmes antidopage conformes au Code en maintenant une pleine indépendance opérationnelle. À cette fin, le 9 novembre 2020, l’AMA a publié un guide pour le renforcement de l’indépendance des ONAD afin d’offrir un soutien à celles-ci dans cette démarche critique.
 
Le programme des ORAD a pour sa part été lancé en 2004 pour renforcer la protection du sport propre par le développement de stratégies antidopage innovantes destinées aux pays qui en avaient le plus besoin. Les ORAD apportent leur soutien aux ONAD qui sont à court de moyens financiers et de personnel – de même qu’aux CNO faisant office d’ONAD – en mettant à leur disposition financement, formation et assistance continue en matière de lutte contre le dopage. Le programme vient actuellement en aide à 15 ORAD et 131 pays à travers le monde. En tout temps, l’AMA s’efforce de maximiser l’utilisation des ressources affectées au programme des ORAD en prenant en ligne de compte les besoins spécifiques des pays membres.

« Le programme des ORAD a fait des progrès notables dans le renforcement des capacités, de la qualité et de l’expertise partout dans le monde et s’est révélé d’une grande utilité dans de nombreux pays membres au fil des ans, observe M. May. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour continuer de développer partout des programmes antidopage efficaces et conformes au Code. Il est donc important que la stratégie soit évaluée et mise à jour régulièrement. »
 
« L’un des aspects les plus importants de notre travail dans les relations avec les ONAD et les ORAD a trait à la coopération bilatérale entre les ONAD. De nombreuses ORAD bénéficient aussi de la proximité géographique d’une ONAD plus expérimentée, qui peut servir de mentor à d’autres organisations dans la région en fournissant une expertise et des ressources, renforçant ainsi le système dans son ensemble selon le principe qu’une victoire pour l’un est une victoire pour tous. Nous sommes reconnaissants envers tous nos partenaires de la communauté des ORAD et des ONAD pour leur engagement à s’épauler mutuellement. »
 
Il existe dans le monde de nombreux exemples de coopération entre ces acteurs clés qui s’emploient à promouvoir le sport propre. En voici quelques-uns. 
 
Collaboration entre ONAD
 
Le 12 mai 2020, l’AMA annonçait la fin d’un accord de partenariat de trois ans entre l’Institut sud-africain pour le sport sans dopage (SAIDS) et l’Organisation nationale antidopage d’Éthiopie (ETH-NADO). Cet accord, facilité et encadré par l’AMA, est un excellent exemple de la manière dont une ONAD plus expérimentée (en l’occurrence SAIDS) peut apporter son soutien, ses conseils et son expertise à une ONAD en développement pour lui permettre de renforcer ses capacités antidopage. Parallèlement, SAIDS continue de soutenir d’autres ONAD africaines en développement, notamment en Égypte et au Nigeria, tandis que l’ETH-NADO s’engage désormais à utiliser son expertise accrue pour soutenir d’autres ONAD dans leur croissance.
 
Collaboration entre ORAD et pays membres
 
Depuis sa création en 2006, l’ORAD d’Asie centrale (RADOCA), basée à Almaty, au Kazakhstan, aide ses huit pays membres à développer leurs capacités antidopage. Au cours des deux dernières années – sous la direction de Venera Abdulla et la présidence de Maira Bakasheva – l’ORAD a œuvré auprès des autorités du Kirghizistan, du Turkménistan et de l’Ouzbékistan pour les aider à créer leurs propres ONAD, renforçant ainsi leurs capacités et leur expertise pour la mise en œuvre de programmes antidopage conformes au Code. Si l’Ouzbékistan bénéficie également d’un partenariat avec l’Agence coréenne antidopage, la coopération et le soutien qu’il reçoit de l’ORAD sont essentiels à son essor.
 
Collaboration entre ORAD et ONAD
 
Faisant preuve de leadership, l’Agence antidopage du Royaume-Uni (UKAD) soutient depuis plusieurs années le développement d’ORAD dans diverses régions du monde. En conjonction avec sa propre stratégie internationale, et en plus de ses activités de développement des ONAD, UKAD a organisé des formations pour les ORAD dans différents domaines, notamment l’éducation, la planification des contrôles, les AUT et la gestion des résultats. Ces formations ont bénéficié à huit ORAD comptant plus de 70 pays membres. Plus récemment, l’UKAD a développé et mené un cours de formation des formateurs pour le personnel de collecte des échantillons au Kenya (bénéficiant ainsi à l’ORAD d’Afrique Zone V et à l’Agence antidopage du Kenya) et continue de travailler avec l’AMA au développement d’ORAD et d’ ONAD.

« Dans le but de protéger le droit des sportifs britanniques de pratiquer un sport propre, où qu’ils se trouvent dans le monde, l’équipe internationale d’UKAD travaille aux côtés de partenaires afin de contribuer à améliorer les standards antidopage dans le monde, explique la directrice générale d’UKAD, Nicole Sapstead. En travaillant avec les organisations antidopage dans des pays prioritaires, nous les appuyons dans de nombreux domaines de la lutte contre le dopage. Nous coordonnons aussi nos efforts avec le gouvernement britannique pour harmoniser nos projets avec des objectifs plus larges de développement et de durabilité. Malgré les difficultés rencontrées en raison de la COVID-19, nous avons la satisfaction d’avoir pu poursuivre notre travail à distance tout au long de l’année 2020. »

Pour maximiser leurs chances de succès, toutes ces initiatives de coopération sont menées en collaboration avec les bureaux régionaux de l’AMA pour répondre aux besoins nationaux et régionaux et respecter les exigences du Code, des Standards internationaux et du Programme mondial antidopage.
 
Après 21 ans d’existence, l’approche éprouvée de l’AMA en matière de collaboration et de soutien, soutenue par un cadre juridique solide, continue de se déployer et de produire des résultats au profit des sportifs dans le monde entier.